Le cas de l’obésité a longtemps été considéré comme relevant de choix personnels liés à la façon de manger et au mode de vie. Mais depuis quelques années, de nombreux cas sont considérés différemment par les services de santé. De ce fait, cela a eu de nombreuses conséquences sur les politiques de santé et la société en général.
L’obésité est-elle considérée comme une véritable maladie ?
Le XXe et le XXIe siècle ont connu une croissance significative du nombre de personnes obèses dans le monde, et plus particulièrement dans les pays industrialisés. Pendant longtemps, on ne considérait pas l’obésité sévère comme une véritable affliction. Cependant, les choses ont commencé à changer au début des années 2010.
En 2013, les chercheurs Theodore Kyle, Emily Dhurandhar et David Allison ont publié une étude. Celle-ci rappelait la définition d’une maladie, et les implications découlant de la décision de l’American Medical Association de considérer l’obésité comme un problème réel(1). En France, l’assurance santé a établi que les cas d’obésité relevaient de maladies chroniques et constituaient un problème de société.
Dans l’Union Européenne en général, on considère que « l’état d’obésité d’un travailleur peut constituer un handicap« . Cette décision fait suite à un jugement de la cour de justice européenne de décembre 2014. La cour de justice tentait de définir si un licenciement pour obésité pouvait être jugé comme discriminatoire (2). Cette décision de justice a fait jurisprudence sur le territoire européen.
L’impact politique et social de l’obésité en tant que maladie
Considérer une personne obèse comme étant atteinte d’une véritable maladie a un impact non négligeable sur la façon de la traiter. Traiter l’obésité comme un vrai trouble a permis de financer de nombreuses recherches. Celles-ci ont permis d’en découvrir les causes, et de trouver des solutions efficaces.
Dans l’imaginaire collectif, l’obésité est exclusivement liée à un comportement alimentaire démesuré, mais les recherches ont prouvé qu’elle pouvait avoir d’autres causes.
En France, les cas d’obésité morbides sont considérés comme des maladies chroniques. L’assurance maladie prend en charges diverses interventions chirurgicales. Attention toutefois, les consultations avec des nutritionnistes ou médecins spécialisés doivent se faire dans le cadre d’un parcours de soins coordonné. En effet, vous devez consulter un médecin généraliste qui vous recommandera ensuite à des spécialistes.
La nouvelle définition de l’obésité a aussi mis en lumière les comportements sociaux discriminatoires à l’égard des personnes en surpoids ou obèses. De plus en plus de campagnes de sensibilisation sont en place pour lutter contre ce phénomène dont l’ampleur est plus importante qu’on ne le pensait.
Une définition contre productive ?
Certaines études ne voient pas d’un très bon oeil cette nouvelle définition de l’obésité. En 2014, des chercheurs ont publié une étude. Celle-ci mettait en avant les conséquences psychologiques que pouvait avoir cette définition sur une personne obèse (3).
Les participants de l’étude ont été divisés en trois groupes. Le premier devait lire un article neutre, le deuxième un article traitant de la décision de considérer l’obésité comme une maladie et le troisième un article précisant que l’obésité n’était pas une affliction. Les chercheurs ont relevé l’IMC de chacun. Ils ont fait remplir un questionnaire sur les éléments qui les pousseraient à entamer un régime. Ils ont ensuite proposé un menu composé de sandwichs en indiquant leurs calories.
L’étude a démontré que les personnes obèses qui avaient lu l’article sur l’obésité considérée comme une affliction ont choisi en majorité des sandwichs plus caloriques et étaient moins désireuses d’entamer un régime. Les personnes obèses qui avaient lu l’article sur l’obésité non considérée comme une affliction ou un article neutre avaient tendance à se sentir plus concernées par leur poids. De ce fait, elles choisissaient des sandwichs moins caloriques.
Cette étude est toutefois à modérer, en raison de son panel restreint de 700 participants. De plus le panel provient d’un pays industrialisé uniquement. De plus, l’étude aurait également tendance à stigmatiser les personnes souffrant d’obésité chronique. Cela renforce alors les comportements discriminatoires à leur égard.