La France est le deuxième pays consommateur de chewing-gum au monde, derrière les Etats-Unis, avec 490 gramme par personne et par an. Une petite gomme à mâcher qui entretient d’ailleurs tous les fantasmes : il ferait tour à tour prendre ou perdre du poids, provoquerait des troubles intestinaux ou permettrait de se concentrer. Alors, le chewing-gum, source de kilos en trop ? Ou au contraire, le bubble-gum ferait-il maigrir ?
Le chewing-gum donne-t-il faim ?
De nombreuses personnes s’accordent à dire que le chewing-gum provoque la faim : la mastication constante et l’absorption accrue de salive provoquerait des crampes stomacales, semblables à celles que l’on ressent lorsqu’on a faim. Ainsi, notre cerveau serait dupé et nous serions plus enclins à manger, pour apaiser les contractions de notre estomac.
Pourtant, certaines études contredisent cette croyance :
- Une étude conduite en 2013(1) conclut en effet que le mâcher du chewing-gum n’aurait de conséquence ni sur les sensations de faim, ni sur les concentrations de ghréline, ni sur la glycémie.
- Une autre étude de 2015(2), portant sur les bienfaits de la mastication, a démontré que la mastication accélérait la satiété et par conséquent, avait une influence positive sur les prises alimentaires.
- Une dernière analyse(3) a soumis un groupe d’hommes, de poids normal et en bonne santé à un jeûne de 12h. Puis ces derniers ont mâché du chewing-gum sans sucre, pendant 30 minutes. Les résultats montrent une faim réduite, une satiété plus rapide et aucune répercussion sur l’insulineou la glycémie.
Aussi, il semblerait que le chewing-gum ne provoquerait pas de sensation accrue de faim et accélèrerait même la sensation de satiété. Par conséquent, il ne ferait pas grossir.
Le chewing-gum a-t-il une influence sur les choix alimentaires ?
Le constat sur le chewing-gum est néanmoins plus complexe. En effet, une étude(4) parue dans Eating Behaviours a permis de conclure que mâcher du chewing-gum, qu’il soit mentholé ou fruité, avait une mauvaise influence sur les choix alimentaires.
- Les volontaires ayant mâché un chewing-gum parfumé à la menthe avaient tendance à se diriger vers des aliments peu sains (junk food, chips ou cookies) et à rejeter les fruits.
- Les volontaires ayant mâché du chewing-gum à la saveur fruitée négligeaient également les fruits, mais dans une moindre mesure.
L’autrice de l’étude explique ce phénomène très simplement : manger des fruits après avoir mâché du chewing-gum laisserait un goût amer en bouche, si bien qu’on serait plutôt attiré par d’autres groupes d’aliments.
En outre, l’étude révèle que les personnes mâchant du chewing-gum avant chaque repas auraient tendance à faire moins de repas, mais que les repas qu’ils prendraient seraient plus riches en calories. En cause : des choix alimentaires moins avisés, qui font la part belle aux aliments gras, salés ou sucrés.
Le chewing-gum fait-il maigrir ?
Le débat sur le chewing-gum et ses possibles effets sur le poids bat donc son plein. Des chercheurs japonais(5) ont étudié les répercussions d’une mastication couplée à une activité physique. Ils ont en effet soumis des volontaires hommes et femmes, âgés de 21 à 69 ans, à une expérience inédite : marcher pendant 15 minutes, à une cadence normale, en mastiquant du chewing-gum. Les résultats sont surprenants :
- Les hommes âgés de 40 ans et plus ont tendance à marcher plus vite lorsqu’ils mâchent, et brûlent ainsi plus de calories.
- A contrario, chez les femmes, on n’observe aucune répercussion du chewing-gum sur la synchronisation cardio-motrice.
Une autre étude, moins fantaisiste, de l’Université de Rhode Island(6), confirme cependant les vertus amincissantes du chewing-gum : les personnes ayant mastiqué un chewing-gum sans sucre, avant de passer à table, consommeraient en moyenne 68 calories de moins, sans compensation alimentaire post repas. En outre, les « serial mastiqueurs » brûleraient en moyenne 5% de calories en plus que les non-adeptes du chewing-gum.
Cependant, d’autres études viennent contredire ces résultats : une analyse de 2011(7) a conclu que le chewing-gum n’avait aucun effet amincissant sur les adultes obèses.
En conclusion…
Il est donc difficile de conclure sur de possibles bienfaits minceur du chewing-gum, tout comme il est impossible d’affirmer qu’il fait grossir. Aujourd’hui encore, les débats sont ouverts et les études et contre-études se multiplient.
Au demeurant, le chewing-gum produit de multiples effets sur le corps, parfois très étonnants :
- Il permet d’accroître la concentration et la réactivité
- Il réduit le stress
- Il permet de maintenir une bonne haleine et une bonne hygiène bucco-dentaire (effets de la salivation), à condition qu’il soit sans sucre
- Il induit une absorption inutile d’air et par conséquent, provoque des ballonnements et des éructations
Références
- 2013, Mattes and Considine, Oral processing effort, appetite and acute energy intake in lean and obese adults
- 2015, Miquel-Kergoat, Azais-Braesco, Burton-Freeman, Hetherington, Effects of chewing on appetite, food intake and gut hormones: A systematic review and meta-analysis
- 2015, Xu, Xiao, Li, Zheng, Li, Zhang, Wang, The effect of gum chewing on blood GLP-1 concentration in fasted, healthy, non-obese men
- 2013, Swoboda and Temple, Acute and chronic effects of gum chewing on food reinforcement and energy intake
- 2018, Hamada, Yanaoka, Kashiwabara, Kurata, Yamamoto, Kanno, Ando, Miyashita, The effects of gum chewing while walking on physical and physiological functions
- 2009, Melanson, Chewing Gum Can Reduce Calorie Intake, Increase Energy Expenditure, Nutritionist Finds — ScienceDaily
- 2011, Shikany, Thomas, McCurbrey, Beasley, Allison, Randomized controlled trial of chewing gum for weight loss