Ne pas manger le matin : bonne ou mauvaise idée ? - CalculerSonIMC
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Ne pas manger le matin : bonne ou mauvaise idée ?

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L’adage populaire affirme qu’il faut manger comme un roi le matin, comme un prince le midi et comme un pauvre le soir. Pourtant, force est de constater que le petit-déjeuner a de moins en moins la cote chez les Français : ils sont 21% à le sauter au moins une fois par semaine(1). Mais à vrai dire, ne pas manger le matin est-il réellement une mauvaise idée ? Ou a contrario, sauter le petit-déjeuner (comme le préconisent les jeûneurs intermittents) est-il source de bienfaits santé ?

Que disent les « pros » petit-déjeuner ?

Les défenseurs du sacrosaint petit-déjeuner sont encore nombreux, tant parmi les professionnels de santé que les scientifiques spécialistes de la nutrition. En effet, selon eux, manger le matin permet non seulement de récupérer du jeûne prolongé que constitue la nuit, mais également de garantir à l’organisme un apport énergétique suffisant pour mener les activités matinales à bien, sans coup de barre ni fringale. À condition bien sûr que le petit-déjeuner soit constitué de nutriments de qualité : un produit céréalier, si possible complet, une boisson, une protéine (fromage, œuf, jambon…) et un fruit, de préférence entier.

Certaines études corroborent d’ailleurs la recommandation de manger le matin. Ainsi(2) :

  • Le petit-déjeuner aurait un impact positif sur les performances intellectuelles, particulièrement la mémoire et les fonctions cognitives en général.
  • Il existe un lien entre le fait de manger le matin et le risque d’obésité. Les personnes consommant un petit-déjeuner auraient moins de chance de prendre du poids et d’afficher un IMC supérieur à 30 (obésité).
  • Les femmes auraient également tout intérêt à manger le matin. Il semblerait qu’il existe une corrélation entre prise de petit-déjeuner, troubles du cycle menstruel et fonctions reproductrices. Les femmes ne boudant pas le petit-déjeuner auraient un cycle plus régulier et afficheraient une plus grande fertilité.

En outre, selon des chercheurs de l’Université Hébraïque de Jérusalem(3), ne pas manger le matin perturberait le rythme circadien (cycles éveil-sommeil) et in extenso, les horloges biologiques de certains organes, comme le pancréas, le foie, les muscles et même la masse adipeuse (qui est innervée). Ainsi, sauter le petit-déjeuner aurait un impact négatif sur l’insulino-résistance (augmentation du risque de développer un diabète de type 2), et dérèglerait dramatiquement les gènes de l’horloge du métabolisme du glucose et du poids corporel.

Aussi, pour rester en bonne santé, maintenir un poids de forme et conserver de bonnes aptitudes intellectuelles, il semblerait qu’il faille s’astreindre à manger le matin.

Que disent les partisans du « no petit-déjeuner » ?

Ne pas manger le matin consiste grossièrement à pratiquer le jeûne intermittent de type 16 :8 : 16h de jeûne pour 8h d’alimentation « normale ». Et ceci, de manière volontaire ou non (car bon nombre de personnes ne mangeant pas le matin ne se déclarent pas pratiquants du jeûne pour autant). Or le jeûne intermittent, très à la mode, est soumis à de nombreuses études. Certaines attestent d’ailleurs de ses nombreux bienfaits pour la santé. Ainsi :

  • L’absence de petit-déjeuner, associée à un exercice physique régulier aurait un impact positif sur la masse grasse (réduction), certains biomarqueurs (glycémie sanguine, concentration d’insuline) et sur la masse musculaire (maintien)(4).
  • Le jeûne intermittent limiterait le risque de développer des maladies cardiovasculaires et ainsi, l’occurrence d’autres maladies métaboliques, en réduisant la concentration sanguine de cholestérol et triglycérides, mais aussi d’autres marqueurs d’inflammation comme l’homocystéine et la CRP(5).
  • Ne pas manger le matin permettrait d’enclencher la cétone, qui elle-même pourrait accroître la résistance au stress oxydatif et la longévité, tout en diminuant le risque de développer une obésité, voire un cancer(6).

Au final, faut-il manger ou ne pas manger le matin ?

Force est de constater qu’à propos du petit-déjeuner, les scientifiques ne sont pas unanimes. Selon Docteur Florence Pujol(7), diététicienne-nutritionniste, membre de l’Association Française des diététiciens et nutritionnistes et autrice du livre Je mange et je suis bien, tout est affaire de bon sens.

Ne pas manger le matin ne serait pas particulièrement recommandé. Pour autant, et toujours selon elle, on devrait manger selon sa faim, et pas un impératif ni une injonction. Il n’y aurait pas de repas plus important qu’un autre. Le plus important serait tout simplement d’écouter ses sensations corporelles. Ainsi, si le corps n’envoie aucun signal de faim le matin (ventre qui gargouille, bouche sèche, sensation de faiblesse, bâillements…) il ne sert à rien de manger. Il est alors plus sage :

  • D’attendre un peu et de décaler l’heure de son petit-déjeuner, en prévoyant d’en alléger la composition (par exemple, s’en tenir à une boisson, un laitage rassasiant comme un fromage blanc et un fruit frais entier).
  • Ou de substituer petit-déjeuner et déjeuner par un brunch complet.

Néanmoins, la communauté médicale et scientifique est d’accord sur un point : le cas particulier des enfants et adolescents. En pleine croissance, leurs besoins nutritionnels sont différents de ceux des adultes. Et il est impératif que ces besoins soient comblés, tout au long de la journée. Ainsi, il est vivement recommandé que cette tranche de la population mange le matin et ait accès à un petit-déjeuner équilibré.

Références

(1) 2014, CREDOC, Le petit-déjeuner de plus en plus délaissé

(2) 2020, Rani, Dharaiya, Singh, Importance of not skipping breakfast: a review

(3) 2013, Jakubowicz, Barnea, Wainstein, Froy, High caloric intake at breakfast vs. dinner differentially influences weight loss of overweight and obese women

(4) 2016, Moro, Tinsley, Bianco, MArcolin, Pacelli, Battaglia, Palma, Gentil, Neri, Paoli, Effects of eight weeks of time-restricted feeding (16/8) on basal metabolism, maximal strength, body composition, inflammation, and cardiovascular risk factors in resistance-trained males

(5) 2019, Malinowski, Zalewska, Wesierska, Sokolowska, Socha, Liczner, Pawlak-Osinska, Wincinski, Nutrients | Free Full-Text | Intermittent Fasting in Cardiovascular Disorders—An Overview

(6) 2019, de Cabo, Mattson, Effects of Intermittent Fasting on Health, Aging, and Disease

(7) Site de Dr Pujol : Florence Pujol ~ Diététicienne-Nutritionniste Comportementaliste

 

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